03.09.2024 - Les tentatives d’escroquerie par abus de chèques et par versements excédentaires relèvent du passé. La tromperie consiste ici à pousser des entreprises à acheter des prestations à des entreprises tierces en plus de leur propre mandat. Habituellement, un chèque est censé couvrir toutes les dépenses, mais celui que remettent les escrocs est en bois. Les sociétés tierces qui reçoivent les versements de la victime (qui pense acheter des prestations) sont en réalité des sociétés fictives appartenant aux escrocs. Étant donné que le paiement par chèques devient de plus en plus rare en Suisse, les escrocs essaient de nouvelles méthodes engageant des moyens de paiements modernes. Une affaire de ce genre a été annoncée la semaine dernière.
Les escroqueries par abus de chèques et par versements excédentaires consistent, pour des escrocs, à acheter à un fournisseur (typiquement un hôtel ou une entreprise active dans le domaine de l’événementiel), outre ses propres prestations, également d’autres services comme des locations d’autos, des repas, des billets, etc., et à lui faire restituer un montant excédentaire par versement ou par service de transfert d’argent. Le chèque, qui doit servir à régler toutes les dépenses, n’est cependant pas couvert. Les tentatives d’escroquerie par abus de chèques ne sont presque plus dénoncées à l’OFCS, c’est pourquoi, cette année, l’office n’a enregistré qu’une seule annonce jusqu’ici. La raison en est claire : aujourd’hui, les paiements par chèques sont très rares en Suisse. Cette pratique subsiste encore dans certains pays, notamment en France et aux États-Unis. Ce n’est donc pas un hasard si l’annonce susmentionnée concernait un chèque émis par une banque française.
Les escrocs testent donc de nouvelles méthodes en se fondant sur le même modèle, qui intègre des méthodes de paiement numériques. Une nouvelle variante a été signalée la semaine dernière à l’OFCS.
Dans le cas en question, une prétendue entreprise internationale prend contact avec une entreprise suisse appelée A. Elle lui demande de lui soumettre une offre pour 10 broyeurs de branches d’une valeur totale de 2 millions de francs. Vu la quantité commandée, il est clair que l’acheteur peut s’attendre à une remise sur la quantité, ce qui aura son importance pour la suite de la procédure. Ne souhaitant pas apparaître comme étant la cliente, l’entreprise internationale demande à ce qu’une entreprise suisse appelée B joue ce rôle. Jusque-là, rien de suspect, car des raisons peuvent justifier que l’achat se fasse par le truchement d’une société suisse et non par une entreprise étrangère.
Mais à partir de là, tout devient insolite. Le mandataire (entreprise A) doit signer une déclaration de maintien du secret selon laquelle il a l’interdiction de prendre directement contact avec le mandant suisse (entreprise B). Toute la procédure doit se dérouler exclusivement à travers l’entreprise internationale. Ensuite, l’entreprise A n’envoie pas son offre avec remise sur la quantité de 10 % au prétendu mandant suisse, mais directement à l’entreprise tierce à l’étranger. Celle-ci passe commande et renvoie promptement l’offre, avec signature et tampon de l’entreprise suisse, en ajoutant en sus une copie de la carte d’identité d’un collaborateur de l’entreprise. Tout semble donc en ordre, à première vue.
L’entreprise internationale émet aussi d’autres exigences et souhaite que le rabais accordé de 10 % soit versé en cryptomonnaies sur un compte de son choix. Le montant total doit, dans un second temps, être payé directement par le mandant suisse (entreprise B). La tromperie apparaît alors clairement. Cette fois, l’escroc n’a pas utilisé un chèque en bois, mais le nom d’une entreprise suisse et la pièce d’identité d’un collaborateur pour inciter la victime à effectuer un versement anticipé sur un compte en cryptomonnaies. Ce n’est que plus tard que le mandataire se rendra compte que le mandat ne repose sur rien et que le prix des broyeuses ne sera jamais versé. Quant au prétendu mandant suisse et au collaborateur, ils n’ont aucune idée de toute l’affaire.
La copie de la carte d’identité avait probablement été soustraite précédemment lors d’une autre tentative d’escroquerie. Il est fort possible que les escrocs aient recherché le nom du titulaire de la carte d’identité – par exemple sur LinkedIn – et trouvé où il travaillait, ce qui leur a permis de monter toute cette histoire.
Recommandations
- Face à pareilles offres, ne vous engagez jamais et coupez tout contact avec les solliciteurs;
- Sensibilisez votre personnel, notamment les personnes qui travaillent dans les services financiers ou dans des positions clés, au sujet de ces méthodes possibles d’arnaques;
- Ne versez jamais d’argent si quelque chose vous paraît bizarre;
- Vérifiez et discutez au sein de l’entreprise de la véracité d’un mandat présentant des exigences inhabituelles;
- Soyez prudent face à un paiement par chèque. Trois semaines peuvent s’écouler avant que votre banque puisse vous dire si votre chèque est – ou non – couvert. Vis-à-vis de la banque, c’est vous qui êtes responsable de sa couverture.
Statistiques et chiffres actuels
Les annonces de la dernière semaine selon les catégories sont publiées sous:
Dernière modification 03.09.2024